Les participants et leurs machines. | |
Et nous ayant rejoint pour les trois derniers jours :
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Orient-Express, pourquoi pas? | ||
Depuis l’élargissement de l’Europe et l’ouverture de nouveaux pays, l’idée de voler vers l’Est me trottait dans la tête. Passionné de voyage et d’aviation, j’avais parcouru une partie de l’Afrique de l’Asie et des Amériques mais n’avais pas encore eu l’occasion de me rendre dans un certain nombre de pays voisins de ma terre natale. Un jour j’appris qu’Alain Mathon, projetait un raid jusqu’à la mer noire pour l’été suivant. Alain, je ne le connaissais que par ses récits de voyages effectués avec son Jodel de construction amateur. Passionné de voyages aériens, il proposait depuis quelques années à d’autres machines de l’accompagner sur des raids estivaux de quelques semaines. Une semi organisation souple qui me convenait tout à fait cette année, puisque que je n’avais guère le temps de travailler à l’organisation d’un raid. Mon emploi du temps était surchargé par les montages des films de mes derniers raids aériens et par la rédaction de mon prochain livre. De plus, aller en Roumanie et en Bulgarie semblait nécessiter de se mettre ensemble pour obtenir les autorisations. J’en parlais immédiatement à mon ami et producteur de mes films Nathanaël de Vernelle passionné d’ULM et de voyages aux longs cours sa réponse fût simple, immédiate et spontanée : Oui ! Nous avons alors décidé de participer à ce raid vers l’Orient. |
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Orages sur les montagnes | ||
8 heures du matin, personne à la tour de contrôle quand nous passons la barrière rocheuse qui nous sépare du lac de Chambéry. Une petite pluie fine estompe les teintes et au nord un ciel d’encre inquiétant assombrit encore le jour. Nous atterrissons après une finale au dessus des eaux noires du lac et nous stationnons sur le parking à côté des autres machines du raid, autour desquelles s’activent quelques pilotes qui viennent nous saluer. Pas le temps de faire des présentations complètes, il est déjà presque 9 heures, l’heure de nous rendre au briefing de départ donné dans la salle de réunion de l’hôtel voisin. Alain revient avec la météo. En raison des orages, la route du sud par l’Italie s’impose pour gagner l’Autriche, pour l’étape du soir. Brèves présentations de consignes générales comme le fonctionnement de la caisse des dépenses communes et des groupes de vitesse suivant les machines : il y a les rapides, les moyens et le lent (c’est nous). |
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Nous filons déposer les plans de vol et décollons sans tarder. Dès la sortie de la zone de Chambéry, nous basculons sur le fréquence radio du raid qui nous permettra de communiquer entre nous tout au long du voyage. Le Sky chargé de tous nos bagages, d’essence grimpe lentement très lentement. Nous passons 7000 feet et continuons la lente montée. | ||
Les autres avions sont tous en train de passer le col du petit Saint Bernard dans des conditions de visibilité qui paraissent limites à entendre les échanges radios empreints d’appréhension : je ne vois rien, je suis sous la pluie, passe plus au Sud, colle à droite, vers la paroi, on est moins secoués … Nous approchons du col et la radio devient inaudible car tous les avions sont descendus dans la vallée d’Aoste. Devant nous le col du petit Saint Bernard approche. |
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Tout est bouché avec une ligne de grains qui descend du nord et nous ne sommes pas assez haut pour pouvoir passer plus haut les sommets proches du col. Nous prenons la sage décision de mettre le cap au sud pour passer la frontière à un autre col. Le sud étant ensoleillé alors que la ligne d’orages venant du nord est presque déjà sur nous. Nous survolons les alti-surfaces de Méribel et Courchevel entourées de leurs pistes de ski, aux sommets coiffés de glaciers. |
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Nous passons le col de Montgenèvre et basculons dans la plaine de Turin en slalomant entre de grosses masses cotonneuses. Nous remontons ensuite au nord jusqu’au lac Majeur à travers les plaines du nord de l’Italie noyées dans une brume heureusement diffuse qui laisse un voile blanchâtre sur tous les paysages. Court arrêt sur une piste ULM au milieu d’un parcours de golf. Les petites voitures électriques circulent silencieusement sur les greens. |
J’en ferais un petit tour quand on me ramènera avec le bidon d’essence à l’ULM. 20 litres seulement, ce sera un complément nécessaire considérant le détour que nous avons fait. Je ne m’alourdirai pas plus car la piste est courte et peu dégagée : d’un coté une colline boisée et de l’autre des arbres dans l’alignement. | |
Nous survolons ensuite le lac Majeur puis le lac de Come enserré dans ses montagnes. C’est beau pour les yeux mais l’opacité de l’atmosphère n’incite pas aux photos. Nous sommes préoccupés par la météo. Nous évitons les plafonds les plus noirs, essuyons quelques grains, altérons sans cesse le cap à l’est voir au sud pour éviter les orages omniprésents. Le relief est incroyablement accidenté, montagneux. Sous nous, gorges alpages et lacs se succèdent. Nous zigzaguons entre les montagnes, montant et descendant parfois secoués par les vents. Impossible de remonter sur l’Autriche, nous atterrissons à Trente où notre plan de vol est clôturé après plusieurs heures de retard. |
Sans aucune nouvelle de nous, un des hélicoptères de la base
était déjà
parti entamer des recherches La
radio étant interdite en Italie aux ULM ainsi que toutes les pistes
contrôlées, nous étions restés en écoute. Nous n’avions donc pas
le droit d’atterrir ici mais l’orage menace ! Nous nous hâtons
d’attacher l’ULM avec les piquets tire bouchon dans l’herbe
grasse, vidons les bagages. Les éclairs zèbrent le ciel. La pluie
arrive. Nous courrons nous réfugier dans la tour. Quand je vois les
rafales de vent qui couchent l’herbe, je panique, pensant revivre la
tempête de Zambie où mon Sky avait été projeté et retourné à 100 m de l’endroit où je l’avais
attaché. Je me précipite dans les escaliers, cours sous les
bourrasques jusqu’à l’ULM. Je m’assieds dedans, attache les
commandes à l’aide de tendeurs. L’orage passe …
Appel téléphonique : le groupe est allé se poser à Zell Am See. Ils s’inquiétaient pour nous. Nous les rejoindrons demain à Vienne si la météo le permet. |
Nous déposons le plan de vol pour demain et dormons à l’hôtel de l’aérodrome. Nous nous réveillons avec un beau soleil. Pas d’orage prévu avant l’après midi. Nous décollons à 9 h 15 , cap au nord à travers les Alpes par une route balisée de pistes d’atterrissage. L’enchantement commence, plusieurs heures d’enchantement. Nous montons peu à peu très lentement jusqu’à 8500 pieds. Autour les montagnes, où s’accrochent des chapelets de cumulus. Dans les vallées, quelques nappes de brumes qui peu à peu se dissipent. Les pics rocheux alternent avec des alpages où se remarquent de minuscules cabanes de berger. Nous restons muets, nos sens en éveil, filmons, photographions. Nous coupons de profondes vallées habitées et industrialisées puis c’est à nouveau la montagne et ses pics acérés. Nous passons la frontière autrichienne et nous posons à Mayerhofen, un véritable paradis. La piste est longue d’environ 400 mètres, bien dégagée aux extrémités. |
C’est un véritable gazon anglais, parfaitement entretenu. Les oiseaux chantent dans le bois tout proche, perchés dans les cerisiers regorgeant de fruits mûrs. Au fond un village aux maisons de bois et au clocher d’église typique du Tyrol. Nous succombons à la tentation de déguster quelques poignées de cerises puis décollons après une brève pause, allongés comme des bienheureux dans l’herbe. Le groupe nous téléphone. Le vent est assez fort sur Vienne alors nous prévoyons une autre pause pour pouvoir acheter de l’essence afin d’envisager un déroutement en cas de mauvais temps. Nous volons maintenant au dessus de verdoyantes collines, prairies, forêts, villages. Tout paraît léché comme une maquette. L’horizon est de plus en plus noir et nous altèrons notre cap pour atterrir avant la pluie à Turmau. |
Le hangar est rempli de planeurs mais nous y trouvons une petite place pour mon ULM à l’heure où l’orage éclate. Les autrichiens très sympathiques de la base repartent tous peu à peu en nous assurant que pour aujourd’hui ce serait impossible de gagner Vienne. Nous partons en voiture avec l’un d’eux qui nous dépose devant une pension en ville. Une magnifique maison tyrolienne en bois dans laquelle nous occupons un appartement au dernier étage avec vue sur un paysages de prairies et de bois. | ![]() |
Lit à baldaquin, parquet brillant, balcon fleuri, tout est parfait. Nous nous endormons tôt pour pouvoir rejoindre le groupe de bonne heure le lendemain. |
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Le retour des disparus 5 h 30 j’ouvre les yeux , comme d’habitude, au lever du jour. Le plafond est haut couvert d’altocumulus mais rapidement des stratus descendent sournoisement des vallées nous entourant. 6 heures, nous tirons du lit le directeur de l’aérodrome qui vient nous prendre en voiture. Le rendez-vous est à Vienne Voslaü, avant 9 heures pour accomplir les formalité de départ pour la Hongrie. Nous sommes inquiets car la passe qui conduit à Vienne est presque entièrement bouchée par les stratus qui nous entourent de tous les côtés. Inquiétude, pourrions nous effectuer un demi-tour entre les montagnes les stratus pourraient couvrir la piste à notre retour ! Nous prenons par téléphone la météo à Vienne. Le ciel est dégagé, c’est seulement ici que le plafond est bas. Nous hésitons mais bientôt la passe s’éclaire et nous décollons. Nous nous enfilons dans la vallée menant au col que nous passons collés à la couche nuageuse à une cinquantaine de mètres au dessus des têtes de sapins. De l’autre coté l’altitude tombe. Les stratus échevelés dessinent des formes au dessus des forêts. |
Ca et là une raie de lumière transperce et fait scintiller le coton des nuages. Commence la plaine de Vienne où nous atterrissons bientôt. Nous stationnons à côté des 10 autres appareils et allons effectuer les formalités et déposer le plan de vol pour la Hongrie. |
Le groupe nous rejoint enfin et nous déclarons que nous ferons le compte rendu de nos pérégrinations ce soir pour ne pas nous transformer en machine à répéter. Bref briefing et nous décollons pour une petite demi heure de vol en partie au dessus d’un lac marécageux nous conduisant à Fertozen Miklos. Nous attendons les douaniers, buvons un verre (sans alcool) au bar de l’aérodrome et repartons pour Budapest. Environ 200 km d’un survol de la vaste et monotone plaine hongroise. Tout est carré ou rectangulaire : les forêts les champs, les villes et les pâtés de maisons. Nous quittons la fréquence club pour passer sur Budapest Control puis Budaörs, le terrain réservé à l’aviation légère de la capitale. |
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Au pays des Antonov 2 Nous plantons les tentes près des machines entourés d’un important parc d’Anthonov 2, le biplan de brousse qui fut le plus construit au monde. Des mécaniciens s’affairent autour des grosses machines. Il y en a un qui a été repeint avec les inscriptions ‘0 G’. Nous nous posons des questions sur la manière d’atteindre la gravité 0 en Antonov 2 ! |
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Nous partons en bus au centre ville, longeant de nombreuses vieilles façades austères, de style soviétique. |
Quelques uns ont décidé de faire un marathon et nous commençons par un grand tour de quartier au pas de course, heureusement interrompu d’une pause bière. Au GPS, nous sommes presque revenus au point de départ. Alain est dans les premiers mais je ne sais pas si c’est le responsable. Nous châtierons le coupable. Nous attrapons enfin un tram jusqu’à la citadelle de Buda, face à la ville de Pest. Entre les deux le Danube bleu. | ![]() |
Les nuages se sont évaporés et le soleil règne sur la vieille cité. De la citadelle, cœur historique de Budapest, nous dominons toute la ville. Alain, toujours en tête, (il n’aime pas être derrière, même en vol), poursuit le marathon, tandis que d’autres se sont perdus dans le marché artisanal, à moins qu’ils n'aient suivi de jeunes hongroises dans leur tenue d’été (je ne citerai pas de nom). Bref, nous attendons sur les bancs inespérés d’un square le regroupement du troupeau. Aurons-nous le temps de dîner avant le dernier bus de 22 h 40 qui nous ramènera au terrain ? Le repas, bien arrosé est pris dans la cour intérieure d’un restaurant près de la citadelle puis nous regagnons les tentes, dans l’hilarité générale, sous les lumières magiques des monuments éclairés, après une errance dans les trams de Buda. Merci GPS de nous avoir permis de retrouver le chemin du retour. |
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Courte nuit, je suis debout à 5 h du matin et tente de trouver les douches dans les vastes locaux de l’aérodrome, un beau bâtiment peu entretenu, au charme désuet d’un architecture austère, aux photos jaunies des années 50. Le militaire de faction veut m’empêcher d’aller aux douches mais je fais l’imbécile qui ne comprend rien, mime la douche et il finit par céder. L’unique douche qui fonctionne est bien chaude et je sors alors que le soleil apparaît. Frugal petit déjeuner et court vol pour gagner Debrecen, aérodrome douanier de sortie de Hongrie. |
L’immense piste où peuvent atterrir les plus gros porteurs est au milieu d’innombrables buttes gazonnées. Nous atterrissons et pendant le roulage jusqu’au petit bâtiment neuf de l’aéroport, longeons toute une rangée de ces buttes gazonnées qui s’avèrent être des hangars à Mig et hélicoptères dont beaucoup apparaissent être à l’état de ferraille. Ils n’ont jamais vu autant de petits avions privés dans cette ancienne base militaire et sont complètement débordés par les formalités, plans de vols, taxes. Ce n’est qu’au terme de plusieurs heures dans la chaleur du milieu de journée que nous obtenons enfin l’autorisation de partir pour Arad, le terrain douanier roumain. |
I sous, I sous, I sous Nous longeons et traversons la frontière Hongrie Roumanie. Les voitures se font plus rares et ça et là, nous remarquons des carrioles tirées par de chevaux. |
Très bon accueil à Arad où on nous parle en Français et où les formalités sont effectuées au plus vite. Le roumain est une langue latine et les textes écrits sont tout à fait compréhensibles pour un français, ce qui n’était pas le cas en Hongrie et ne sera pas le cas en Bulgarie en Grèce et en Croatie. Nous repartons, remontant une vallée qui s’enfonce à l’intérieur du massif des Carpates, et atterrissons au Champ d’aviation de Deva. | ![]() |
Petite butte, petit rebond à l’atterrissage et la fourche avant a pris quelques degrés supplémentaires d’inclinaison. il faut la détordre ou la changer. L’aéroclub de Deva, disposant d’un Antonov 2, de deux wilgia polonais et de nombreux planeurs, est jumelé avec l’aéroclub de St Etienne. Nous y sommes très chaleureusement accueillis. Le mécanicien du club trouve dans les ferrailles d’anciens avions russes une jambe de train ayant exactement le même diamètre que la mienne et en deux heures remplace la partie tordue de mon train par un morceau de tube russe. |
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Le repas, un barbecue de viande en abondance , copieusement arrosé de vins roumains, nous a été préparé par le club. La soirée bien détendue, se poursuit tard dans la nuit sous les étoiles. Le matin nous re-fixons le palonnier et nous repartons tous, cap sur Bucarest. Nous survolons les plus hautes montagnes de Carpates couvertes de forêts et d’alpages. Nous passons à la verticale de magnifiques villages de montagnes qui s‘étalent sur les alpages à plus de 1500 m d’altitude. |
Ils sont pareils à une pieuvre qui envoie ses tentacules de rues dans toutes les directions. Le village de Jina est particulièrement beau ! |
Le champ d’aviation de Bucarest Clinceni est réservé à l’aviation légère. Nous prenons l’apéro à l’ombre des ailes d’un Antonov 2, plantons les tentes puis partons en bus visiter la capitale avec Marinette, charmante roumaine retraitée parfaitement francophone, qui s’avère une guide remarquable nous livrant l’histoire de la Roumanie mélangée à celle de sa vie dans la période communiste. | ![]() |
Bucarest, environ 2 millions d’habitants sur les 20 que compte le pays, comprend des alignements interminables de barres de HLM. Peu de vieux quartiers, ils ont été détruits par l’ancien dictateur Caucescu qui fut fusillé il y a une dizaine d’années, avec sa femme ; exécution filmée en direct par les télévisions du monde entier. Nous partons visiter son palais, immense puisque c’est paraît il, le deuxième bâtiment du monde après le Pentagone. Des pièces immenses, du marbre partout, des tapis et des lustres énormes. |
Nous visitons ensuite une des plus vieilles églises orthodoxes du pays. Il y règne une ferveur religieuse intense qui se lit dans les gestes, le regard des gens. Les popes avec leurs longues barbes et leurs robes, récitent des prières à voix haute. Après des années d’interdiction de toute pratique religieuse la Roumanie compense avec un mysticisme intense. | ![]() |
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Le lendemain, la patrouille d’acrobatie de Roumanie et leur 4 Xtras, nous salue par une démonstration de voltige dont nous sommes les seuls spectateurs privilégiés. Dès 7 heures la température dépassent déjà les 30°. Nous décollons pour Tulcéa dans le delta du Danube, un vol dans une légère brume blanchâtre. Deux minibus nous attendent pour nous mener à bord d’un bateau pour une petite croisière sur le delta du Danube. |
Repas de poissons, toujours arrosé de vins roumains, dans un resto où nous accostons, puis la croisière continue. Il y a, à bord, des matelas et avec la fatigue accumulée ces derniers jours, nous sommes un certain nombre à nous écrouler pour une sieste réparatrice. Nous en sommes un à un tirés, brusquement, par les roumains qui tiennent absolument à nous faire ingurgiter, cul sec, un verre de liqueur locale, tout en chantant à chaque fois, en y mêlant notre date de naissance : « I sous I sous I sous … » | ![]() |
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Nous regagnons le port à la nuit noire, c’est magnifique, toutes les lumières de la ville … Dîner près du port pour clore fort tard une journée bien animée. |
Minis jupes et ventres nus Le lever est difficile ! La météo est bonne et nous décollons pour effectuer tout d’abord une boucle au dessus des marécages du delta du Danube. Refueling partiel et nous re-décollons pour aller tout d’abord survoler les berges de la mer noire. |
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Une petite bande de terre sépare la mer de vastes lagunes peu profondes. Cela doit ressembler à la côte languedocienne avant l’urbanisation. Des milliers d’oiseaux décollent alors que nous passons au dessus de la côte à basse hauteur. Quelques campeurs et baigneurs isolés sur la plage qui semble être de graviers gris. Nous les saluons au passage. | ![]() |
Un naturiste nous répond en nous saluant d’une main, l’autre pudiquement placé devant son sexe ! |
Nous piquons ensuite plein ouest pour regagner le Danube que nous longeons une bonne heure durant, à basse hauteur. Les convois de pousseurs et barges sont nombreux. Parfois nous remarquons un drapeau, allemand sur l‘un d’eux. Les campeurs et les pêcheurs sont nombreux sur les berges. Parfois apparaît une plage animée. L’eau ne parait pourtant pas si propre ! nous passons plusieurs gros complexes industriels délabrés crachant parfois de la fumée noire. Leurs quais de déchargement sont surmontés d’énormes grues et des carcasses de pousseurs rouillés encombrent les alentours. |
Un bateau de croisière de
"Croisi Europe" pareil à ceux qui sillonnent la Seine
passe. Il est immatriculé à Strasbourg. Que c’est
bon de longer ainsi un fleuve au ras de l’eau. Je rêve
d’hydravion.
Bientôt un grand pont à deux étages traverse le Danube reliant la berge Roumaine à la Bulgare. En haut la route, en bas la voie ferrée. Nous restons sérieux et ne cèdons pas à l’envie de passer en dessous. Nous piquons ensuite sur Gorna où nous atterrissons peu après. En Bulgarie la carte est truffée d’aérodromes désaffectés et nous en avons survolé de nombreux. Comme la Roumanie n’avait pas donné notre nouvelle heure de départ, la Bulgarie venait d’activer le plan de recherche ! C’est le premier raid aérien dans ce pays depuis l’avant communisme et la taxe est de taille 50 € par avion. Nous rejoignons les autres à Voliko Tarnovo, station estivale de montagne située à 25 km de Gorna. |
Nous
logeons à l’hôtel en plein centre ville. Avant le
RDV pour dîner nous flânons en ville. Le site est
joli, avec ses ruines de château moyenâgeux, ses
gorges encaissées, ses maisons accrochées aux pentes.
Beaucoup de jeunes flânent dans les rues, les filles
sont en tenues on ne peut plus légères. La mode est
aux jupes super courtes, aux ventres nus, aux soutiens
gorges mini. On économise le tissu au maximum en
Bulgarie, ces temps-ci.
Le ciel noircit subitement et nous nous réfugions à l’hôtel. un terrible orage éclate avec un vent violent, des trombes d’eau tombent et dévalent dans les rues les transformant en impétueux torrents. Nous appelons l’aéroport très inquiet mais celui-ci nous rassure que les avions sont tous en bon état, que le coup de vent n’a sans doute pas été aussi fort que sur la ville. |
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Décollage en formation Lever à 6 heures, nous décollons à 9 heures pour gagner la Grèce par dessus les montagnes bulgares. Le Menestrel doit rester pour réparer sa roulette de queue brisée par l’orage d’hier. Il fait froid. La frontière passée, nous descendons sur la mer et passons ensuite sur la fréquence de Thessalonique approche pour que le contrôleur aérien nous intègre dans leur trafic important. |
C’est
ici que nous devons passer la douane d’entrée en Europe. Cela paraît complètement inutile car ils ne contrôlent rien. Nous
sommes complètement perdus dans cet aérodrome international où les
charters et avions de ligne se succèdent. Nous finissons par payer 28
€ de handling par avion et mettons une belle pagaille dans l’aéroport
en entrant et sortant à droite et à gauche. Ils finissent par nous
regrouper à un endroit puis nous ramener en bus d’aéroport aux
avions car il n’y a ici aucune place pour rester la nuit. Le trafic
est intense et nous rejoignons Alain et les deux avions qui sont déjà
au point d’attente. C’est
finalement en formation à 6, trois en largeur et en deux rangées, que
nous décollons de l’aéroport international.
Nous retournons alors en arrière jusqu’à Kavala, gros aéroport neuf construit pour désengorger Thessalonique. Plutôt que de voler en route directe, nous survolons la côté dentelée à basse hauteur , un régal. Nous partons en taxi pour la petite station balnéaire proche de l’aéroport où nous louons des chambres à 100 mètres de la plage. Après cette longue journée de vol et de formalités, le bain du soir est un régal. L’eau est bonne et nous l’apprécions au soleil couchant. La mauvaise météo orageuse du lendemain, nous oblige à une journée d’arrêt qui est la bienvenue. Ce sera l’occasion d’une ballade sur l’île voisine et d’une deuxième bonne soirée arrosée d’Ouzo. |
Le jour suivant nous nous levons avant l’aube. Décollage tôt pour une longue traversée de la Grèce d’est en ouest. Nous montons au niveau 85 pour transiter vertical de Thessalonique puis passons sur le travers nord du mont Olympe. Il gèle presque et le moteur de l’ULM est trop froid. Nous effectuons une pause pipi et essence à Ionnina. J’espérais pourvoir avoir le droit de déposer un plan de vol de partir directement sur Dubrovnik mais le directeur de l’aéroport me demande de passer par Corfou qui est un terrain douanier car nous ressortons de la communauté européenne. Il y a peu de terrains en Grèce et encore moins sont douaniers. Nouveau plan de vol et nous voici repartis pour Corfou. L’arrivée est splendide. En raison du trafic important, la tour nous fait descendre à 1000 pieds puis à 500 pieds au-dessus du bras de mer séparant la Grèce continentale de l’Ile de Corfou. A cause de l’absence de vent et de la montagne au nord, un charter décolle face à nous alors que nous sommes en longue finale à 500 pieds. La voiture « follow me » m’amène à côté des autres qui ont accomplit toute les formalités. Nous décollons presque de suite pour Dubrovnik, à nouveau en formation. |
Ayons confiance en la mécanique : Saint Rotax priez pour nous ! Nous nous élevons lentement au-dessus de Corfou puis passons la montagne au nord. De l’autre côté, la mer, puis la côte albanaise. Ses montagnes arides plongent directement dans l’eau bleue intense. De multiples criques minuscules se découvrent entre deux plissements de roche qui tombent à pic dans l’eau turquoise. Nous descendons à basse hauteur, c’est splendide. Puis viennent ensuite quelques plaines, à nouveau des montagnes puis la côte de Bosnie et Herzegovine. Nous survolons plusieurs villes aux plages colorées de parasols et baigneurs. Je me mets sur la fréquence de Dubrovnik où j’entends les autres avions du rallye s’annoncer. Le pilote d’un avion de ligne inquiet demande : you confirm that 11 light aircrafts try toland ? (vous confirmez que 11 avions légers essayent d’atterrir ? Une demi-heure plus tard, Nous approchons de Dubrovnik en même temps qu’un Charter anglais. Le contrôleur nous fait tout d’abord tourner en 360 mais comme l’avion de ligne est encore loin, je lui dis que je n’ai plus qu’une demi heure d’essence et il nous fait atterrir immédiatement. Une approche rapide, on se pose et on dégage la piste sans perturber le gros porteur qui atterrit une minute après nous. |
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Nous partons en ville et nous prenons une chambre d’hôte bon marché dans le quartier où le reste du groupe prend des chambres d’hôtel fort chères et sans le cachet d’une vieille maison de pierres chargée d’histoire. Nous partons flâner puis dîner dans la jolie vieille ville de Dubrovnik. Le lendemain, nous sommes à 9 heures à l’aéroport. Les plans de vol déposés et le briefing effectué, nous attendons que le fort vent « plein travers » diminue. Il est encore de 20 kt quand nous décollons. Commence alors un des vols les plus magiques du raid. L’itinéraire VFR imposé nous fait survoler des chapelets de centaines d’îles non loin de la côte. Certaines sont vertes mais la plus part déclinent des teintes ocres, laissant onduler leurs strates de roches qui sortent des flots turquoises. Ca et là de minuscules ports et hameaux entourés de terrasses de pierres sèches qui semblent de nos jours abandonnées. Sur les flots des milliers de voiliers et de bateaux à moteur. Je rêve encore d’hydravion, d’aller pouvoir me poser et mouiller dans ces petites criques. | ||
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Les pistes et terrains plats où nous pourrions atterrir en cas de panne sont rares voir souvent inexistants dans de grandes distances. Le plus simple serait de se poser sur l’eau à proximité d’une berge. Nous volons de plus relativement bas car l’altitude qui nous a été imposée est « maximum 1500 pied (500m) » . par contre nous devons rester en permanence sous contrôle radio et chaque contrôle nous libère pour que nous passions sous le contrôle suivant. |
Nous volons ainsi quatre heures au dessus d’innombrables îles et îlots, sans jamais nous lasser , un régal pour les yeux. La petite île d’Unije apparaît enfin, à l’ouest de celle de Losinj. Elle dispose d’une petite piste en herbe entretenue par la municipalité.Nous y retrouvons le reste du groupe et le Cessna 210 venu nous rejoindre pour la fin du raid. Cette petite île paradisiaque compte une vingtaine de personnes l’hiver et quelques centaines l’été. Agréable baignade et repas arrosé de vin croate. Nous n’avions pas négocié le prix avant et c’est une véritable arnaque peu négociable d’ailleurs. Sous ce beau ciel étoilé, je décide de dormir à la belle étoile. |
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Les formalités sont vite achevées et nous repartons le long de la côte pour Portoroz en Slovénie. Un verre d’alcool fort, c’est la tradition nous est offert par Daniella charmante hotesse à qui nous payons les taxes. Etonnante pratique là où passent tous les pilotes qui arrivent mais aussi repartent comme nous ! Petite réunion car tout le monde n’est pas d’accord pour la suite du programme. Les Suisse veulent repartir directement chez eux sans visiter Venise et choisissent un aéroport douanier après Venise. |
Le Sinus a continué sur Salgareda, la piste proche de Venise ouverte aux ULM car il n’a pas eu le droit d’atterrir à Portoroz ouvert aux ULM après autorisation spéciale bien que son ULM soit construit en Slovénie. Nous avons pu atterrir avec les autres dans le plan de vol collectif car ils ignoraient que nous étions ULM. Les ULM n’ayant pas le droit d’atterrir sur un aéroport en Italie, Nous décidons d’aller nous aussi à Salgareda . Dépôt d’un plan de vol pour une piste ULM en Slovénie que je clôturerai en vol pour continuer ensuite sur l’Italie. Le reste du groupe se divise donc en deux et nous nous rejoindrons alors le lendemain à Venise. |
Nous partons donc et longeons la côte italienne de Trieste à Venise. Que c’est beau, cette côte à basse hauteur. Nous tournons au dessus de la petite piste de Venise San Nicolo. Venise est là à quelques kilomètres dans le contre-jour du Soleil du soir. Incroyable lagune, de toute beauté ! Puis nous gagnons le magnifique petit terrain de Salgareda, un vrai gazon anglais. Mon ami Ruggero, pilote ULM italien vient nous rejoindre. Nous plantons les tentes à côté des machines. | ![]() |
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C’est le lendemain que nous nous rendons à Venise en train et retrouvons les autres à la gare. Tour de la ville en vaporetto, les bus des canaux, puis nous arpentons les ruelles enjambant d’innombrables petits canaux. Nous nous retrouvons pour le dernier repas du raid sur une terrasse dans Venise. Bonne ambiance chaleureuse nourrie des souvenirs de bons moments partagés. Nous repartons en vaporetto pour gagner la gare. La magie de la nuit opère. La féerie de l’eau où se reflètent les lumières des palais, les gondoles noires qui glissent, les musiques sortant des bars et restaurant, les rires des gens… |
Quand repart-on ? 6 heures, réveil sous un ciel bleu. Le soleil arrive et vient faire fondre la fine couche de stratus immobile. 7 heures : réveil heureux de Nathanaël à l’idée du "café macchiato" comme seuls les italiens savent le faire. 8 h 30 décollage et dernier passage sur la lagune de Venise. Le palais des Doges est là sur notre travers , splendide. Nous poursuivons au nord et piquons vers l’intérieur des terres. Les stratus montent et forment une couche à basse hauteur. Nous préférons voler au dessus en « VFR on top » car derrière de plus commencent les pré-Alpes. La couche se disloque en cumulus. Nous passons le lac de Garde puis le lac de Come et le lac Majeur. Sur la fréquence du tour, nous effectuons nos derniers échanges et nous disons au revoir. Nous partons ensuite vers la vallée d’Aoste et nous posons à Montaldo Dora, joli piste ULM et avion où nous sommes très bien accueillis et même invités à déjeuner. Nous remontons ensuite dans la vallée d’Aoste en montant peu à peu à 9500 feet pour passer le col du petit Saint Bernard. Les cumulus ont bourgeonné partout mais le col est heureusement dégagé. Nous allons atterrir juste derrière Chambéry à la Tour du Pin. Le moteur s’arrête et nous nous regardons : "Nous avons fait un belle balade", déclare Nathanaël qui regrette qu’arrivé à la Mer Noire, nous n’ayons pas continué droit sur l’est ! A quand la prochaine et pour aller où ? Moscou ? Bangkok ? Nous avons beaucoup parlé, beaucoup rêver, et sommes prêts à repartir….
Texte et photos Thierry Barbier et Nathanaël de Vernelle |
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Mon ULM Sky Ranger est équipé d'un moteur Rotax 912 S avec une hélice tripale Duc, d'un GPS Garmin 92, d'un horizon artificiel (Bayo Import), de deux Icom portable ICA 22, d'équipement divers fournis par ULM technologies.
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Nos coups de cœurs et nos déceptionsPour les gens, la gentillesse de leur accueil et l'aide qu'ils nous ont apportée.
+ + Pour la Roumanie (accueil très chaleureux), l’Autriche et l’Italie - - Pour la Croatie et la Grèce (Attention les services de sécurité grecs sont susceptibles, ils retiendront dans une petite pièce, de manière fort peu courtoise Nathanaël ; il faut dire qu’il l’avait cherché: il s'était mis en colère au lieu de dire merci lorsqu’un agent de sécurité avait fait tomber son boîtier numérique sur le marbre de l’Aéroport de Kavala)
Pour la beauté des paysages + + Pour la Croatie, l’Albanie, les Alpes italiennes, l’Autriche - - Pour les plaines hongroises roumaines (monotones et tristes) et d’Italie (trop construites) |
Bilan : 50 h 24 min en Sky Ranger à 120 km/h de Chambéry à Chambéry en 14 jours dont 12 jours de vol et 24 pistes et aéroports : Chambery, Picchio (piste ULM), Trente, Mayerhofen, Turnau, Vienne Voslau, Ferstozen Miklos, Budapest Budaörs, Debrecen, Arad, Deva, Bucarest Clinceni, Tulcéa, Gorna, Thessalonique, Kavala, Ioannina, Corfou, Dubrovnik, Unije, Pula, Portoroz, Salgareda, Ivréa Montaldo Dora, Chambery (La Tour du Pin) |
Remerciements pour la Roumanie - L'AERO CLUB de ROUMANIE à BUCAREST Tudor Bistreanu (directeur), Mihai Andrei (instructeur, et responsable des relations publiques), Dan Chiriac et Marinel Cheveresan (qui ont demandé et obtenu les autorisations de vol, survol, d'atterrissages sur 2 aéro-Clubs normalement non homologués, négocié avec Shell Roumanie pour l'AVGAS). - LES AERO CLUBS de CLINCENI et DEVA, Adel Stef (commandant de l'aero-club de Deva), Sorin Nutu (commandant de l'aero-club de Clinceni) pour leur accueil enthousiaste et chaleureux et la mise à disposition des chambres des élèves pilotes. - L'AEROPORT DE TULCEA – DELTA DU DANUBE Constantin ALBU (directeur de l'aéroport de Tulcéa) pour son accueil enthousiaste. Il a permis le départ direct du rallye en Bulgarie en faisant venir douane et police spécialement sur son aéroport. - POUR l'AVGAS 100LL : Un remerciement spécial à Adel Stef et son fils qui ont transporté l'Avgas depuis les entrepôts de SHELL –BUCAREST à Deva, Clinceni et Tulcéa (plusieurs jours et nuits de route avec le camion essence de l'Aéro-Club de Roumanie ..) - L'ambassade de Roumanie à Paris Mihai Cercel- conseiller et Oliviu Gherman- ambassadeur, qui nous ont beaucoup aidé pour les autorisations d'entrée en Roumanie. - La patrouille acrobatique de Roumanie avec ses 6 "EXTRAS" qui nous a fait une présentation en vol à Bucarest Clinceni. - Pierre Dosso et l’association « échange-Roumanie » à St Just – St Rambert (42) et de l'Aero-Club de St Etienne (jumelé avec l'aero-club de Deva depuis 1996) qui ont coordonné toute la partie roumaine du voyage : organisé l’atterrissage sur des terrains normalement inaccessibles et l’approvisionnement en Avgas. |